L'écrivain s'est suicidé le 2 juillet 1961. Aventurier, bohème, tourné vers l'Europe, Hemingway a réinventé le récit de soi, puisant dans sa vie déjà bien romanesque des grands motifs littéraires : le traumatisme de la guerre, la nature primitive et sauvage, les désillusions de sa génération.
Il a fait de Paris une fête, racontant, le tumulte nocturne et enivré des années 1920. Écrivain désabusé, génie de la “génération perdue", Ernest Hemingway est le plus français des écrivains américains.
Soldat, journaliste, chasseur, il a écrit ses romans en s’inspirant de ses propres exploits, construisant sa propre légende de l’écrivain bohème, aventurier et internationaliste, avant de se suicider à 61 ans. Il est l’un des auteurs les plus lus dans le monde au XXe siècle. Par son style sobre, économe, empreint de cynisme, Hemingway a inauguré une nouvelle manière d’écrire sur soi et de se mettre en scène.
Hemingway naît en 1899 près de Chicago dans une famille bourgeoise. Aventureux et hyperactif, il reçoit un fusil de chasse à 10 ans. En 1918, il est blessé sur le front européen. Engagé comme correspondant en Europe dans les années 1920, il raconte les combats de tauromachie en Espagne, l’émergence du fascisme en Italie, la crise économique en Allemagne.
Il a donc intégré ce très grand journal, le Toronto star, où il allait apprendre aussi l’écriture parce qu’ils avaient une feuille de style très rigoureuse, très originale, parmi lesquelles l’élimination des adjectifs inutiles, des adverbes inutiles, d’être toujours très à-propos et concrets. Rédouane Abouddahab, professeur de littérature américaine
Hemingway à Paris
L’ambition littéraire d’Hemingway déborde bientôt du journalisme et de la chronique. Il s’installe dans les années 1920 à Paris et fréquente des écrivains américains expatriés, un cercle d’intellectuels fêtards qui se feront appeler la “lost generation”.
On cherche à capter l’esprit de cette génération qui a perdu ses illusions à cause de la Grande guerre, avec une effervescence au niveau éthique et moral et en même temps c’est toujours à double-tranchant chez Hemingway. Dans “lost” il y a aussi une forme de jouissance, c’est le laisser-aller, la perte dans les plaisirs dans ce qui arrive et de se “laisser perdre” en tant qu’Américain, s’éloigner de l’Amérique. Rédouane Abouddahab
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Hemingway publie son premier roman Le Soleil se lève aussi, en 1926_._ Comme d’autres romans qui suivront, le spectre de la guerre hante ses récits avec ses cortèges de héros estropiés, traumatisés.
Ce qu’il enregistre, ce sont les effets de la guerre, les dévastations de la guerre sur l’être humain. Et en cela il a été très influent. Toute la génération qui a suivi qui a fait la Seconde Guerre mondiale comme Norman Mailer, ont utilisé cette méthode d’Hemingway de "la guerre était toujours là”. Dans la grande tradition du roman occidental, il a toujours associé à la guerre, “Guerre et paix” comme chez Tolstoï, le thème de l'amour et comment la guerre et l’amour, la mort et l’amour interagissent. Rédouane Abouddahab
Chez Hemingway, les histoires d’amour finissent mal en général, autant dans ses livres que dans sa vie privée, avec quatre mariages en 40 ans. Toujours en quête d’action, il couvre la guerre d’Espagne en 1937 du côté des Républicains, le débarquement en Normandie, la libération de Paris.
La construction d'un mythe
Sur le front, il fait preuve d’un culot incroyable et donne même des ordres aux militaires. Il se fait réprimander par le général Leclerc en personne. Hemingway n’hésite pas à enjoliver ses exploits pour enrichir sa propre légende. Véritable star internationale, l’écrivain cultive son image de macho qui pose fusil à la main en habits de chasseur.
Il disait que dans une vie antérieure il était amérindien, donc il y a chez lui cet amour de l’indianité américaine où des pratiques comme la chasse sont un mode de vie et de relation entre l’homme, l’être humain et l’animal, la nature qui est une part de lui-même. Rédouane Abouddahab
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Pourtant ses écrits montrent une virilité beaucoup plus sensible avec des héros masculins en proie au doute, parfois même impuissants. Profondément américain, l’écrivain montre toute sa vie un goût pour les autres cultures, outrepassant le simple folklore.
Son œuvre est une belle démonstration de son interculturalité. Ça parle italien, espagnol, français, swahili. Il s’approprie des modes de vie français, en Espagne bien évidemment avec la culture de la tauromachie et en Afrique de l’Est, chose qu’on ne sait pas suffisamment, il s’est initié à une culture massaï dont il est devenu un membre. Rédouane Abouddahab
Hemingway connaît un grand succès de son vivant et reçoit le Nobel de littérature en 1954. En mauvaise santé, atteint de cirrhose, de
cécité partielle et de troubles bipolaires, il se suicide le 2 juillet 1961 à 61 ans, d’une balle de fusil. Monument de la littérature contemporaine, Hemingway est aussi l’un des auteurs les plus adaptés au cinéma, avec plus de 15 films inspirés de son œuvre, dont Le Port de l'angoisse ou Les Tueurs.
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Les Grandes Traversées
Références