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Un homme brandit une pancarte de soutien à Alexeï Navalny (il y est inscrit “Un pour tous et tous pour un”) lors d'une manifestation à Moscou, le 23 janvier 2021. © Valery Sharifulin/TASS/Sipa

Politique

Alexeï Navalny : pourquoi le courage est contagieux

Michel Eltchaninoff publié le 08 février 2021 3 min

Mardi 2 février, Alexeï Navalny a vu sa peine de prison avec sursis transformée en peine réelle. Il va devoir passer près de trois ans derrière les barreaux. Peut-être davantage, car d’autres plaintes ont été déposées contre lui. L’opposant n’a pas paru étonné : il s’y attendait, tout comme il savait pertinemment qu’il serait arrêté à son retour à Moscou, cinq mois après avoir été empoisonné par le FSB, les services secrets russes. 

Pourquoi s’est-il jeté dans la gueule du loup ? Au nom d’un pari éthique et politique : son acte de courage – celui d’affronter la prison et de risquer sa vie – peut être contagieux et donner aux citoyens russes, fatigués de la corruption et de l’autoritarisme, le courage de sortir dans les rues. Même si l’opposition choisit désormais d’autres formes d’action que la manifestation, le pari semble en partie gagné : plus de 10 000 personnes ont été interpellées pour avoir bravé l’interdiction de manifester. 

Le courage serait-il contagieux ? C’est ce que suggère Vladimir Jankélévitch, suivi par Cynthia Fleury.

 

Pourquoi le courage de Navalny est-il, en soi, une victoire politique ? 

Selon Vladimir Jankélévitch, dans Les Vertus et l’Amour (deuxième tome du Traité des vertus), « être brave […], c’est avoir le dessus, même s’il faut finalement succomber » – ce qui résume bien la situation de Navalny, enfermé, peut-être pour très longtemps, et menacé derrière les murs d’une prison ou d’une colonie pénitentiaire. L’opposant a désormais le dessus, car c’est lui qui dicte l’agenda politique russe, en choisissant la date de son retour ou en mettant le Kremlin dans l’embarras avec son enquête sur le palais que se ferait construire Vladimir Poutine. En s’attaquant directement à l’inamovible chef de l’État, Alexeï Navalny dissipe également l’aura de terreur qui l’entoure. Comme l’écrit Jankélévitch, « la menace terrifiante est prise ici à la gorge, sommée de se découvrir et de dire son vrai nom ». « L’envoûtement de la frayeur » est conjuré, ce qui constitue la première étape pour oser sortir manifester. L’objectif de Navalny est de substituer la contagion du courage à la contagion de la peur. 

 

Pourquoi ce courage est-il le point de départ d’une nouvelle page de l’histoire du pays ? 

Vladimir Jankélévitch insiste sur le fait que le courage est moins une vertu parmi d’autres que « la condition de la réalisation des autres vertus », qui les rend « efficaces et opérantes ». Le courage est nécessaire, comme préalable, à l’émergence d’autres valeurs comme le désir de justice ou le droit à l’accès de tous aux responsabilités économiques et politiques, actuellement dénié aux Russes. « Sincérité, justice ou modestie, elles commencent toutes par ce seuil de la décision inaugurale » que représente le courage. Même si l’on assiste depuis des années à des manifestations de l’opposition en Russie – par exemple en 2011-2012, ou plus récemment à l’été 2019 –, le geste du retour de Navalny marque sans doute un nouveau commencement politique, fondé sur ce moment éthique du courage. 

 

Pourquoi le courage est mimétique ? 

Parce qu’il n’est pas uniquement une vertu individuelle. Sa dimension sociale est essentielle. Dans La Fin du courage (2010), Cynthia Fleury évoque « une force mimétique majeure en ce sens où [le courage] peut induire chacun d’entre nous à faire de même ». Contre l’image du guerrier soucieux de sa gloire, cette vision du courage insiste sur l’effet d’entraînement qu’il suscite. Cet effet mimétique a un sens immédiatement politique. Pour Cynthia Fleury, « si chacun prend sur soi d’être courageux, […] alors la cité cesse d’être ce lieu où chacun délègue à l’autre ce qu’il doit faire ». Le courage rappelle à chacun son statut de citoyen responsable de la conduite des affaires communes. Il a une dimension directement démocratique. 

Quel est le rapport entre le courage et la démocratie ?
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