
Dix-huit millions de dollars : c’est la somme dépensée par Google en lobbying auprès du Congrès, des agences fédérales américaines et de la Maison-Blanche l’an dernier, rapporte The Washington Post qui relaie des documents du Senate Office of Public Records, un organe du Sénat américain. “Pour la première fois, Google a dépensé plus que n’importe quelle autre entreprise en 2017 pour influencer Washington”, écrit le quotidien de la capitale.
Ce serait aussi la première fois qu’une entreprise technologique arrive en tête de ce classement. Et Google n’est pas le seul à renforcer ses capacités de pression politique. Comme le moteur de recherche, Facebook, Amazon et Apple ont tous battu leur propre record de dépenses en lobbying. Facebook a accru ses dépenses de 32 %, Apple de 51 %. Au total, les “Gafa” ont déboursé dans ce domaine 50 millions de dollars.
D’après les documents du Sénat, Google a concentré ses efforts de lobbying sur la réforme fiscale, la législation antitrust et la facilitation de l’immigration. Il aurait aussi versé des fonds pour peser sur le projet des législateurs et des autorités de régulation de réglementer la publicité en ligne, au cœur de son modèle.
Selon The Washington Post, “l’an dernier a été une année charnière pour la Silicon Valley […]. Les responsables du secteur se sont publiquement opposés au président [Trump] sur des questions brûlantes, comme l’immigration et le changement climatique. Les entreprises de réseaux sociaux ont été clouées au pilori par des parlementaires pour avoir permis à des agents de la Russie de diffuser des messages clivants avant et après l’élection présidentielle de 2016. Et les potentiels abus par les entreprises technologiques de leur pouvoir en termes de marché attirent l’attention des autorités de régulation.”

Le grand quotidien de la capitale américaine et l’un des titres les plus influents de la presse mondiale. Traditionnellement au centre droit, The Washington Post doit sa réputation à son légendaire travail d’enquête dans l’affaire du Watergate, qui entraîna la chute du président Nixon au début des années 1970. Il se distingue aussi par sa couverture très pointue de la vie politique américaine, ses analyses, ses reportages, ainsi que par ses nombreux chroniqueurs de tous bords politiques.
Premier quotidien à paraître sept jours sur sept (en 1880) et à charger un médiateur de veiller sur l’indépendance du journal (dès 1970), The WP a souvent su évoluer avant les autres. C’est à partir des années 1930 qu’il prend vraiment son essor, suite à son acquisition par Eugene Meyer, avant de connaître son heure de gloire sous la houlette de sa fille, Katharine Graham.
En 2013, le journal contrôlé durant quatre-vingts ans par la famille Meyer-Graham a été racheté par le patron d’Amazon, Jeff Bezos. Depuis, le Post a mis l’accent sur les nouvelles technologies. Les développeurs et datascientifiques cohabitent dans ses nouveaux bureaux avec les journalistes ; les titres sont souvent plus accrocheurs et adaptés au web. Jeff Bezos a investi des sommes importantes qui ont permis l’embauche de 140 journalistes, après des années de licenciements. Mais les recettes restent insuffisantes et l’avenir suscite toujours des inquiétudes.
Le site du Washington Post est très complet et attire de nombreux internautes de l’étranger. Il a expérimenté ces dernières années des formats très ambitieux, notamment en matière de journalisme immersif.